Philo'n net 

 

 


Petit Glossaire à destination des élèves

de terminale

 

Ou comment réviser tout (ou presque) son programme en 100 définitions.

 

 


Concept

Définition

A

Absolu

Etym. : du latin absolutus, achevé, séparé

Exprime l’état d’un être porté à son degré suprême d’achèvement. Notions associées : perfection, autosuffisance, auto-fondement.

 

Absurde

Etym. Du latin absurdus  « discordant » de surdus, « sourd »

Etat de ce qui est vide de sens. Thème récurent de la philosophie et de la littérature modernes.

Idée que, si l’univers physique est sourd et muet (Rien n’est au monde intelligible –Sartre-), il revient à l’homme de lui donner un sens où d’y découvrir un ordre immanent.

Thème illustré entre autre par Camus (Mythe de Sisyphe, Noces) qui relève que notre existence est fondée sur une double exigence : aimer la vie passionnément, et rester lucide face à la certitude de la mort. C’est par l’action solidaire et la révolte que l’homme peut construire le sens de sa vie.

 

Acquis/Inné

Termes antagonistes désignant, pour le premier, ce qui relève en nous de l’apprentissage, de  l’histoire et de la culture, et pour le second de la naissance, du patrimoine génétique, et de la nature.

 

Affect

Terme utilisé par la psychanalyse, surtout à son origine, pour désigner, dans la « théorie cathartique » les manifestations émotives telles que les pleurs, le rire, la colère, etc. , exprimant les expériences de plaisir ou de douleur.

 

Agressivité

Tendance naturelle et spontanée, présente chez tous les êtres vivants, à se développer et à occuper un espace vital optimal. L’agressivité ainsi comprise est un concept positif, relevant de l’éthologie ou de la psychologie, en opposition au concept de violence, qui, lui relève de l’éthique et de la morale.

L’agressivité ainsi entendue est universelle et innée, au même titre, par exemple, que les pulsions sexuelles.

 

Apprendre

De apprehendere, saisir, concevoir

Terme générique pour tous les modes d’acquisition du savoir. L’étymologie renvoie bien à l’idée de faire sien ce qui fait l’objet de cette connaissance, de ramener à une représentation spirituelle (un mot, un concept) une réalité du monde extérieur.

 

Apprentissage

Indique de manière générale tout mode d’acquisition externe d’une connaissance ou d’un comportement, par opposition au mode biologique (hérédité). On distinguera l’apprentissage par dressage ou habitude qui est le seul dont sont susceptibles les animaux, de l’apprentissage social, qui, lui, ne s’applique qu’à l’homme au sein d’une société. Cet apprentissage social passe généralement par le langage.

 

Arbitraire

Qui dépend d’un choix. Les normes culturelles sont toutes arbitraires. # nécessaire

 

Argument d’autorité

# argument rationnel

L’autorité c’est ici celle de l’Eglise et de la chose écrite. Le tort de l’Eglise romaine sera de considérer à égale valeur les écritures, qui sont un texte révé et les théories d’Aristote, qui sont des spéculations philosophiques, et donc ouvertes à la critique.

Les Discorsi, de Galilée, les Méditations métaphysiques de Descartes sont des tentatives pour démontrer que la raison humaine peut construire un discours par ses seuls moyens. Le doute rationnel développé par Descartes au début des Méditations va dans ce sens.

 

Autorité

Mode d’existence du pouvoir où celui-ci repose sur l’acceptation de ceux sur qui il s’exerce, en fonction d’une compétence reconnue à celui qui l’exerce. L’autorité peut être légitime, en tant qu’elle repose sur un consentement.

 

Avoir une culture

Claude Lévy Strauss affirme, après Rousseau, qu’il n’existe pas de peuple sans culture, ou encore que « le monde de l’homme n’est pas celui de la nature, mais celui de la culture, et celle-ci s’oppose à la nature avec la même rigueur, quelque soit le degré de civilisation considéré.» Dans ce sens il n’y a plus de jugement de valeur, puisque aussi bien la culture va désigner l’ensemble des productions et des actions non-naturelles des groupes humains.

B

Besoin

Expression de la nécessité vitale. Le besoin se distingue du désir en tant qu’il s’arrête à la possession de son objet ;

 

Bêtise

Etymologiquement : qui relève de la bête. Indique communément le jugement d’une action irréfléchie ou maladroite. Cf. aussi : Stupidité

C

Chimère

Illusion vaine, n'ayant aucune consistance ni réalité ; usurpation du fantasme à la réalité.

Exemple de chimère : le déni de la mort.# utopie, illusion

 

Chose

Pour Kant, par opposition à la personne, la chose est ce qui ne dispose d’aucune autonomie de jugement (les animaux sont des êtres sensibles et non des êtres raisonnables, ils sont donc « choses »), ce dont on se sert pour parvenir à ses fins (moyen), ce qui n’a qu’un prix au lieu d’être une valeur (absolue) Le concept désigne ainsi le caractère unique de l’être humain.

Ne pas confondre le concept de chose et celui d’objet.

Le verbe qui désigne l’attitude consistant à considérer autrui comme une chose et non comme une personne est : « réifier. »

 

Cogito

Trad. : « je pense » 

A l’issue de la première de ses Méditations métaphysiques, Descartes découvre que la seule certitude que l’esprit soit capable d’engendrer de lui-même, la seule qui échappe à toutes les formes de doute (y compris le doute hyperbolique du « malin génie », c’est l’affirmation que la proposition « je suis, j’existe » est nécessairement vraie chaque fois que je la prononce ou conçois en mon esprit.

Husserl montrera que ce cogito n’est pas en lui-même suffisant, mais qu’il s’accompagne toujours d’un cogitatum. (cf. intentionnalité

 

Cohérence

Condition première de validation d’un système rationnel de représentations. La cohérence se décline en cohérence interne et cohérence externe. La première exprime la consistance du système en lui même, la non-contradiction, sa nécessité, sa suffisance ; la seconde exprime l’accord de ce système avec son objet (exemple une loi scientifique et le domaine dont elle prétend rendre compte).

 

Cohérence externe (adéquation)

C’est une exigence de confrontation entre la théorie et le réel. La loi rationnelle rend elle compte de manière exhaustive  du phénomène visé ? C’est l’expérimentation qui va donner la sanction : confirmée, la loi va être considérée comme valide, infirmée, l’hypothèse interprétative doit être abandonnée.

 

Cohérence interne

Etablit la consistance d’un système rationnel de représentations considéré en lui-même. Ses exigences sont :

La non-contradiction : on ne peut dans un même système de propositions affirmer à la fois a et non-a (une proposition et son contraire)

La nécessité : Au sens propre : qui ne peut pas ne pas être. L’ensemble des propositions ou assertions d’un système interprétatif est  nécessaire, c’est à dire que telle ou telle variable ou constante figurant dans une loi ne pourrait faire défaut. Cela veut dire que aucune hypothèse interprétative n’est gratuite ou arbitraire.

La suffisance : Dans l’expression d’une loi rationnelle, tout doit être formulé, si bien que la loi doit pouvoir s’appliquer universellement à tous les cas de même espèce. Aucun « rajout » modifiant la loi de manière contingente, en fonction de tel ou tel cas particulier, ne peut être accepté sans une refonte complète de cette loi.

 

 

Compétence

Terme emprunté à la linguistique mais qui peut s’étendre à toute conduite culturelle.

Désigne dans l’apprentissage, la capacité à reproduire des informations ou des conduites apprises par apprentissage. Ainsi, dans l’exemple du langage, la compétence linguistique est la possession du code, grammatical et lexical. L’animal et la machine sont capables dans ce domaine d’une certaine compétence, mais pas d’une performance.

 

Comprendre

 

 

 

 

 

Concept à triple sens :

Il désigne d’abord l’idée d’une intégration ou d’un englobement : être compris dans quelque chose.

Avoir une vision d’ensemble d’une réalité (d’une « prise » commune)

Se construire une idée claire et distincte d’un phénomène, ou d’un ensemble de relations de causes à effets.

Cf. la citation de Pascal qui joue sur les trois sens :

«Par l’espace, l’univers me comprend et m’englouti ; par la pensée je le comprends »

 

Connaître

 

Avoir présent à l’esprit, être capable de former le concept, l’idée, l’image de quelque chose. Par rapport à savoir, le verbe insiste plus sur la précision de la représentation mentale.

 

Conscience

Deux acceptions possibles de ce terme

D’une part un sens « psychique » qui signifie « présence au monde », et connaissance que nous avons de cet état. Dans ce sens on dira de la conscience qu’elle est intentionnelle

D’autre part un sens moral, la faculté de juger du bien fondé de nos actions ou plus largement de nos choix, en fonction de nos valeurs.

Termes associés

Sens 1 : moi, sujet, connaissance

Sens 2 :

# intelligence syncrétique

 

Conscience de soi

 

 

Contingent

Qui pourrait aussi bien ne pas être : par exemple un événement qui arrive par hasard, la rencontre de deux séries d’événements. # nécessaire

 

Croyance

 

La croyance est à distinguer de l’adhésion rationnelle en tant qu’elle est pour partie une décision arbitraire et volontaire du sujet : on ne croit pas à la validité d’une démonstration mathématique, on y adhère rationnellement (après vérification de sa cohérence), ce qui signifie aussi que notre adhésion n’est pas libre, mais nécessaire ; on ne démontre pas la vérité d’une croyance :  on peut y adhérer contre toute raison, par un acte volontaire que l’on nomme la foi, en réponse à la grâce envoyée par Dieu.

D’autre part, la croyance pose toujours les problèmes en termes eschatologiques c’est à dire en terme de fins dernières ; sa question est « pourquoi », et non « comment », qui, elle, relève des sciences.

 

 

Culture

Le mot peut-être entendu dans trois acceptions :

-        Un sens restreint : ensemble des créations les plus valorisées dans un peuple, généralement représentatives de la classe dominante. (cf. être cultivé)

-        Un sens large, celui des ethnologues (cf. avoir une culture) qui désigne l’ensemble des productions techniques, intellectuelles, artistiques, religieuses, morales etc.. qui confèrent à un peuple donné sa place originale dans le monde.

-        Un sens plus complexe (cf. se cultiver) où il désigne un idéal de raffinement individuel et de développement personnel.

 

 

Curiosité

L’une des caractéristiques subjectives nécessaires au développement de la connaissance. On pourrait aussi la nommer insatisfaction cf. Canguilhem « être sujet de la connaissance [...] c’est seulement être insatisfait du sens trouvé» Seulement, cette curiosité si nécessaire au désir de connaissance est aussi pour le développement des sciences un risque : c’est une tentation très grande de s’intéresser plus aux phénomènes pittoresques ou spectaculaires, de ceux qui marquent m’imagination, plutôt que de s’intéresser par exemple à la structure de la matière.

D

Démonstration

#

révélation

Pendant la période médiévale, et en particulier chez Saint Thomas d’Acquin, la seule source du savoir est Dieu, et donc les écritures. La science ne peut donc, au mieux, que disposer à la foi, en nous faisant admirer l’œuvre de Dieu, et les techniques ne sont,  au mieux, qu’un prolongement de la création de Dieu. Mais le savoir n’est pas constitué comme une entité autonome.

Dans la période moderne, le divorce s’installe entre ce qui relève de la croyance (dogme) et ce qui relève de la raison. Le savoir n’est donc plus révélé, il est construit et suit les lois de la raison.

 

Désir

Concept à réserver à la seule humanité. Le désir dépasse le besoin en tant qu’il ne concerne pas seulement des données vitales, et aussi en tant qu’il dépasse toujours son objet : le désir est rarement totalement comblé par la possession de son objet.

 

Désir et manque

Ce qu'il [éros, ou le désir amoureux, pris ici comme allégorie du désir de connaissance] acquiert lui échappe sans cesse. de sorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence, ni dans l'opulence et qu'il tient de même le milieu entre la science et l'ignorance, et voici pourquoi. Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l'est: et, en général. si l'on est savant. on ne philosophe pas: les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants: car l'ignorance a précisément ceci de fâcheux que, n'ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la désire pas. Le Banquet, 203 ac, trad. Chambry, 1964, Garnier‑Flammarion, pp. 64‑65

 

Destin

Tout arrive nécessairement

 

Déterminisme

 

 

Devenir

L’être humain est en devenir, tant sur le plan de l’espèce que sur le plan de l’individu.

Cela signifie qu’il n’est d’abord rien (Sartre) alors que l’animal est entièrement déterminé dès sa conception.

L’hommes est ce qu’il se fera « l’homme est condamné à s’inventer lui-même» 

 

Dogme

Vérité révélée se présentant comme un absolu indépassable ; le dogme peut faire l’objet d’une exégèse, développement destiné à le faire comprendre des croyants. Mais le dogme est infalsifiable, sous peine d’hérésie. Le tort de l’Eglise romaine a été de considérer comme un dogme la cosmologie de Ptolémée, étrangère aux Ecritures.

 

Doute

La question du doute et de la question est au centre de la problématique de la connaissance.

C’est par un tel doute que Galilée relativise la position de l’observateur dans l’espace et nous permet ainsi d’échapper à l’univers géocentrique de Ptolémée.

C’est par la pratique du doute rationnel que Descartes va montrer que la conscience est la seule certitude que nous portions en nous, la seule que nous puissions engendrer de nous mêmes, et que rien ne peut nous l’enlever.

C’est le même doute enfin, qui est en œuvre dans l’histoire des sciences, une véritable « Philosophie du non » (Bachelard) procédant par critiques successives du savoir acquis et dépassement de ces critiques.

On prendra soin toutefois de distinguer entre le doute nihiliste, foncièrement négatif, et le doute rationnel ou critique, qui est une démarche créatrice nécessaire à la dynamique du savoir.

 

Dressage

Se dit du mode d’acquisition de conduites animales, au-delà de l’instinct. le dressage est obtenu par la répétition de stimuli (de punition ou  de récompense) auxquels on associe les comportements que l’on veut mémoriser. Par dérision le dressage désigne chez l’homme un mode d’enseignement uniquement passif, un conditionnement.

 

Droit

 

Cf. poly

E

Education 

Etymologiquement : de ducere (conduire)

Acte pédagogique dans lequel le formateur ne se contente pas de transmettre des contenus (enseignement), mais accompagne l’élève en lui indiquant la voie à suivre. Deux bons exemples : Socrate et le Jeune esclave, dans le Ménon, Galilée et Andréa dans La vie de  Galilée de Brecht.

 

Empirisme

Au sens propre : théorie qui affirme que le savoir vient de l’expérience. Il faudra distinguer un empirisme naïf, tel qu’il est défendu par les philosophes anglais du XVIIIe siècle d’un empirisme raisonné, qui reconnaît la valeur primordiale de la raison dans la compréhension de l’expérience.

La querelle entre empiristes et idéalistes (entre Hume et Kant par exemple) a porté sur l’origine de nos connaissances et sur le prima accordé à l’expérience sur la raison ou inversement.

 

Enfant

Etymologiquement : « qui ne parle pas. »

Désigne un état de latence, caractérisé négativement comme manque (d’être, de savoir, de parole d’autonomie etc...) mais qui porte en lui la capacité de son développement

Cf. ce que nous disions de « la stupidité des brutes »

 

Enseignement

Par différence aux deux autres termes, instruction et éducation, le terme enseignement renvoie plus à la discipline enseignée, qu’à celui à qui elle est destinée. Il atteste aussi d’une professionnalisation de l’acte pédagogique. Il  garde de son origine latine l’idée d’une marque de distinction (ensena = enseigne)

 

En-soi

 

 

Entendement

Faculté de penser par concepts, de ramener la diversité sensible à une représentation typique, qui n’en retient que certains aspects. Plus généralement, l’entendement désigne notre capacité à réfléchir et à penser.

 

Erreur

Au sens strict, l’erreur est instrumentale quand on ne dispose pas des moyens adéquats pour faire une observation) ou opératoire (les erreurs de calcul par exemple) On prendra soin de distinguer l’erreur dans la liste suivante

-        erreur opératoire, ou erreur de jugement : exemple l’erreur du jeune esclave du Ménon, lorsqu’il se propose de doubler la longueur du côté du carré pour doubler son aire/

-        erreur instrumentale : celle qui conduit Aristote à adopter le géocentrisme, faute d’avoir disposé d’un instrument capable d’une observation plus proche des astres (lunette astronomique)

-        Illusion : qui est toujours l’œuvre d’un désir sous jacent et inconscient : illusion de Christophe Colomb qui aveuglé par son désir d’ouvrir une nouvelle route commerciale vers les Indes, croit y aborder, alors qu’il découvre un nouveau continent. Illusions de Ménon, incapable de dépasser son propre désir de puissance et donc de percevoir la voie que lui indique Socrate.

-        Chimère : forme de déni pathologique, refus d’admettre des évidences. Les deux personnages de la vie de Galilée, au tableau 4 semblent atteints d’un tel dérèglement : enfermés dans leurs certitudes, ils préfèrent ne pas voir les faits patents que Galilée veut leur montrer.

-        Mensonge : Volonté délibérée de masquer ou de changer la vérité (que l’on connaît) Les cardinaux Barberini et Bellarmin le grand inquisiteur sont des menteurs. Pour des raisons politiques, bien que connaissant la vérité, ils veulent la cacher au peuple.

Galilée : « Qui ne connaît la  vérité n’est qu’un imbécile, mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui là est un criminel»

D’autre part, si « L’erreur est humaine» c’est peut être parce que, comme le dit Canguilhem, « erreur humaine ne fait qu’un avec l’errance », c’est à dire que si notre espèce est dépourvue d’instinct, cette carence originaire nous pousse à « une recherche inquiète de la plus grande quantité et de la plus grande variété d’informations »

 

Erudition

 

Le terme pourrait tout aussi bien se retrouver du côté de l’ignorance que de celui de la connaissance. C’est peut-être le vocable qui conviendrait le mieux à nos deux  compères Bouvard et Pécuchet, ou à « l’autodidacte » de la Nausée, de Sartre. Véritable chiffonnier de l’histoire naturelle et de l’histoire humaine, l’érudit accumule sans méthode et sans tri les curiosités de la nature, les vestiges du passé, les « types humains », mais avec la passion du collectionneur. Une telle accumulation ne débouche jamais sur la connaissance. Elle ne recherche que la variété pittoresque, non la variation  méthodique.

 

Esthétique

Approche sensible du monde (sans étymologique)

A compter du XIXe siècle le terme désigne la réflexion philosophique consacrée aux beaux arts et à l’approche particulière que l’art a du réel, tant sur le plan du sensible, que sur celui des formes ou encore de l’intelligible.

On peut considérer qu’à côté de l’approche rationnelle (sciences) du monde et de l’homme, d’autres approches telles l’approche esthétique  définissent autant de points de vue humains qui ne s’opposent pas nécessairement  mais se complètent.

 

Ethique

 

 

 

Science de la morale. Le terme est souvent confondu avec celui de morale

Dans l’antiquité, l’interrogation éthique n’était pas distincte de la question du savoir. A la période moderne, et en particulier avec Kant, les trois questions  de l’action, de la connaissance et de l’espérance : « que dois-je faire ? que puis-je connaître ? Que m’est-il donné d’espérer ? »

 

Etre cultivé

Au sens 2 du mot culture, cette expression désignerait tout homme, puisque aussi bien tout homme, en tant qu’il fait partie d’un peuple, a nécessairement une culture.

Mais au sens restreint (1) être cultivé c’est bien souvent se conformer à un idéal social, s’intéresser aux domaines « nobles » ou considérés comme tels par la classe dominante. Ce sens est donc aussi un jugement de valeur, et aussi d’exclusion de ce que l’on nomme « les incultes»

 

Expérience première

Premier obstacle épistémologique distingué par Bachelard

«La pensée préscientifique ne s'acharne pas à l'étude d'un phéno­mène bien circonscrit. Elle cherche non pas la variation mais la variété. Et c'est là un trait particulièrement caractéristique :

La recherche de la variété entraîne l'esprit d'un objet à un autre, sans méthode; I'esprit ne vise alors que l'extension des concepts; la recherche de la variation s'attache à un phénomène particulier, elle essaie d'en objectiver toutes les variables, d'éprouver la sensibilité des variables. Elle enrichit la compréhension du concept et prépare la mathématisation de l'expérience »

« Loin d'aller à l'essentiel, on augmente le pittoresque: on plante des fils dans la boule de moelle de sureau pour obtenir une araignée électri­que[1]. C'est dans un mouvement épistémologique inverse, en retour­nant vers l'abstrait, en arrachant les pattes de l'araignée électrique, que Coulomb trouvera les lois de l'électrostatique »

 

C’est la confiance aveugle accordée à l’observation des phénomènes, sans recul critique. On y recherche essentiellement ce qui étonne, ce qui surprend. Le pré-scientifique va alors au hasard, quêtant les « curiosités de la nature » pour en faire une véritable collection. Comme le dit Bachelard, il préfère l’esprit de « variété » à l’esprit de « variation »

C’est l’obstacle que rencontrent :

-        Ménon : dans ses premières définitions de la vertu : le concept est envisagé en extension (différentes variétés de vertus) et non en lui-même (selon son essence)

-        Ceux qui croient voir dans le mouvement apparent du soleil la confirmation du géocentrisme.

-        Bouvard et Pécuchet, qui sont les prototype même des érudits collectionneurs.

Cf. aussi « curiosité » « érudition»

F

Falsifiabilité

Concept créé par K. Popper, épistémologue.

Aucune connaissance rationnelle ne peut prétendre s’imposer comme un dogme éternel. Au contraire, toute loi scientifique doit être considérée comme valide une fois vérifiée les exigences précédentes de cohérence et d’objectivité. Mais la possibilité d’une critique ultérieure doit être maintenue : en droit, toute loi physique peut être démentie par le cours ultérieur du développement de la connaissance.

 

Fondement

 

 

 

 

 

Fonder ce qu’on affirme, c’est en produire la justification ou la raison d’être.

S’il s’agit de connaissances, le fondement est la base sur laquelle se construit l’édifice théorique : exemple les axiomes et les postulats en mathématiques.

S’il s’agit d’une question éthique, rechercher un fondement c’est rechercher la gitimité d’une idée, d’un comportement, d’un choix.

G

Généralisation abusive

Second obstacle épistémologique distingué par G. Bachelard

C’est la tendance inverse de celle constatée à propos de l’expérience première. Après avoir s’être dispersé

C'est une autre tendance de la subjectivité humaine qui est à l'œuvre ici : la recherche de l'unité. Elle est constitutive de notre conscience et est à l'œuvre dans l'art aussi bien que dans la science. Il n'y a pas de savoir sans idée générale, ni abstraction sans concept "les idées générales ne peuvent s'introduire dans l'esprit qu'à l'aide des mots, et l'entendement ne les saisis que par des propositions. (…) Toute idée générale est purement intellectuelle ; pour peu que l'imagination s'en mêle, l'idée devient aussitôt particulière." (Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité).

Mais cette tendance de notre subjectivité à tout ramener à l'unité est aussi un piège : si la généralisation est nécessaire au savoir, si "l'esprit ne fonctionne qu'à l'aide du discours" toute généralisation n'est pas pertinente. L'imaginaire peut bien nous pousser à construire autour d'un mot, une monstruosité conceptuelle dont la science aura à se débarrasser.

Ici encore le double jeu du langage est patent : formation de concepts scientifiques d'une part, délire globalisateur de l'autre

H

Hasard

Rien n’arrive nécessairement

 

Hypothèse

La connaissance ne peut jamais être une simple lecture de la nature : celle-ci ne parle pas ; celui qui veut la connaître doit aller vers elle avec une question, ou une hypothèse interprétative à vérifier. « Ton métier est d’interroger la nature » dit Diderot au scientifique. « Rien n’est donné, tout est construit » semble répondre à deux siècles de distance G. Bachelard. C’est donc armé d’hypothèses que le scientifique va vers le réel. Elles-mêmes sont soumises à des règles précises, évoquées par Poincarré

-        Une seule hypothèse doit être formulée à la fois

-        L’hypothèse doit le plus tôt possible être soumise à la vérification expérimentale

-        Infirmée par l’expérience, l’hypothèse doit être abandonnée ; ce n’est pas pour autant un échec pour la science : la vérification de l’hypothèse a été l’occasion d’une expérience décisive.

-        On doit se méfier des hypothèses inconscientes

-        On ne doit pas oublier que « toute généralisation est une hypothèse», et comme telle susceptible d’être remise en question (cf. falsifiabilité) En d’autres terme une loi scientifique n’est jamais vérifiée que sur un échantillon représentatif de cas : on en induit que la loi est vraie pour tous les cas de même espèce, mais ce n’est jamais qu’une généralisation. Voir aussi : question

I

Idéalisme

 

 

 

Doctrine qui affirme le prima de l’idée sur la sensation. On distinguera l’idéalisme antique, celui de Platon par exemple qui va  jusqu’à affirmer que la réalité est l’idée (par opposition à la matière) de l’idéalisme moderne (ex : Descartes, Kant) qui accorde aux idées ou aux concepts une place prépondérante dans l’élaboration de nos connaissances.

 

Idéologie

Totalité de référence, dans laquelle un peuple ou une classe sociale se représentent ou se comprennent. L’idéologie propose un système de représentations cohérent qui sert de référence et donne sens aux actions des hommes. On peut citer par exemple l’idéologie de la nature, celle du progrès, ou de l’histoire, ou encore celle du  cosmos antique qui servait à la fois de représentation de l’univers et de modèle social et éthique.

 

Ignorance

Ce terme peut recevoir plusieurs acceptions :

-        Le pseudo savoir (croire que l’on sait)

-        L ‘absence de connaissances

Le premier terme est l’ignorance vraie, au sens où, comme le dit Platon, quand on ne croit pas manquer d’une chose, on ne la désire pas.  La seconde forme nous laisse au moins l’espoir de construire un savoir à partir de cette table rase.

 

Imagination

Originellement, faculté de penser par des images, de se construire une représentation virtuelle imagée d’une réalité quelconque.

Le terme connaît aujourd’hui une extension qui le fait désigner les productions fictives liées au désir. L’imagination en ce sens serait plutôt la faculté de fantasmer.

 

Imbécillité

Etymologiquement « sans soutien »

Le terme renvoie à l’idée de faiblesse.

C’est par ailleurs une catégorie de terminologie médicale : « ...dont l’âge mental est  intermédiaire entre celui de l’idiot –2 ans- et du débile-7 ans-)» 

 

Immédiat/médiat

Immédiat : au sens habituel, tout de suite ; la philosophie lui redonne son sens étymologique : sans médiation, sans intermédiaire

Médiat : qui suppose une médiation, un intermédiaire.

Ainsi, parler introduit une médiation dans la relation de moi à autrui. Cette médiation, c'est celle du langage, terrain commun qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre.

 

Inculte

 

Cf. être cultivé

 

Insociable sociabilité

Concept rousseauiste repris par Kant :

Double tendance des hommes vivants en société :

D’une part amour des autres qui est nécessaire à la reconnaissance mutuelle des sujets.

D’autre part amour de soi, découverte de son intérêt propre face à l’intérêt d’autrui

Selon Rousseau cette double tendance serait la cause principale de désordre dans la société, qui fait que toute société, même la mieux constituée (contrat social) est constamment menacée de ruine.

 

 

Instinct

Modèle de comportement spécifique des animaux. L’instinct est transmis génétiquement. Il est une structure de comportement qui indique au spécimen animal non seulement les conduites de survie (chasse, fuite, reproduction) mais la plupart de ses comportements grégaires ainsi que les signaux de son biotope auxquels il est sensible. L’instinct n’est pas une connaissance : c’est un ensemble de conduites nécessaires qui ne requièrent ni la conscience, ni la volonté.

 

Instruction

Action d’apprendre à quelqu’un ce qu’il est utile ou indispensable de connaître. C’était d’ailleurs le nom ancien du ministère de l’éducation nationale, appelée alors de « l’instruction publique » : on y visait essentiellement l’apprentissage des trois connaissances de base du citoyen : savoir lire, écrire, et compter. Le terme renvoie à l’idée d’institution (cf. « instituteur) et c’est celui qui est d’ailleurs repris par les grands corps de l’état : instruction militaire, religieuse, civique etc..

 

Intentionnalité

Concept provenant de la phénoménologie de Husserl et que l’on retrouve ensuite dans les philosophies de Merleau-Ponty, Sartre et Heidegger.

Il peut se résumer dans cette formule de Husserl : « Toute conscience est conscience de quelque chose» ; ce qui signifie :

              -    1° qu’il n’y a pas de conscience vide, toute conscience se manifeste toujours dans son rapport à ses objets

-        2° que cette conscience doit toujours pouvoir se distinguer de ses objets. Elle se distingue ainsi du syncrétisme animal par sa faculté de se poser comme sujet face à son objet.

En quelque sorte, si le cogito cartésien est une certitude, c’est une certitude vide ; Husserl propose d’y adjoindre son cogitatum (ce qui est pensé) ; Sartre proposerait même d’y adjoindre un cogitatum (nous pensons) «en disant «je», je dis aussi tous les autres.  » 

« Le mot d’intentionnalité ne signifie rien autre chose que cette particularité foncière et générale qu’a la conscience d’être conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même» Husserl, Méditations cartésiennes, 1929, 2nd méditation, §24. 

L

Langage

Système de signes

La notion de système renvoie tout d’abord à celle de combinatoire, ou mieux d’articulation d’éléments premiers.

Le langage est articulé sur trois niveaux, phonétique, (niveau des sons constitutifs de la langue, ou phonèmes), morphologique (niveau du lexique et des mots, modèles morphologiques du nom, du verbe, de l’adverbe etc...) et syntaxique (niveau de la proposition, puis de la phrase).

Ceci fait qu’un langage, avec un nombre fini d’éléments premiers (phonèmes) peut élaborer une infinité d’énoncés, non déductibles du système lui–même.

On prendra soin de distinguer le système de signes (humain) des codes de signaux des animaux.

On distinguera dans le langage langue et parole

 

Langue

C’est la forme d’existence théorique d’un langage, d’un système de signes, constitué d’une grammaire (règles morphologiques et syntaxiques,) et d’un lexique (système phonétique et sémantique) Une telle langue peut ne plus être parlée (langues mortes # langues vivantes) et se distingue de la parole sa mise en œuvre dans le discours.

 

Légitimité

Fondement  moral d’une pensée, d’une action, ou d’une institution.

Rousseau : « On n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes»

Quelles sont les conditions d’une légitimité en droit ? Se référer à une valeur qui a les qualités d’être universalisable, transcendante, en un mot, absolue. (Dieu, le Souverain Bien, La déclaration universelle des droits de l’homme)

 

Liberté

Concept sur-déterminé, on ne peut donc en quelques lignes en définir les contours.

Pour l’homme elle ne saurait être la possibilité « de faire ce qu’on veut quand on le veut » (libre arbitre), car les hommes ne sont pas des dieux. Trois définitions pour cadrer le problème de la liberté pour les êtres humains :

Rousseau : L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté »

Hegel : La liberté, c’est l’intellection de la nécessité

Marx : Le domaine de la liberté commence là ou s’arrête celui du travail nécessaire

 

Libre arbitre

(sens moderne) Prétention de l’homme de choisir librement ses actes, d’en être la cause première et absolue.  On peut dire que la « liberté naturelle », chez Rousseau correspond à cette notion de libre arbitre, dans son opposition à « liberté sous les lois ». La liberté ainsi définie est une illusion, dans la mesure où elle relève plus d’un dieu omnipotent que d’un homme : celui-ci est un être fini, mortel et faible et ses désirs seraient même infinis qu’il ne pourrait les satisfaire.

M

Manque de savoir

Sa reconnaissance est pour Platon le début de la dialectique. C’est parce que le jeune esclave reconnaît primitivement son erreur qu’il peut progresser dans le savoir.

 

Méthode

Etymologiquement « poursuite », « recherche » mais aussi du grec  méta : vers et hodos chemin

Il est intéressant de remarquer que l’étymologie retient l’idée de cheminement et d’orientation de la recherche. Ce qui signifie qu’avoir une méthode, c’est conditionner des moyens, organiser des procédures, en vue d’une fin.

Bouvard et Pécuchet font la démonstration des aberrations où mène une recherche sans méthode. Trop pressés d’arriver aux résultats, convaincus que quantité vaut mieux que qualité, ils abusent des dosages en agronomie, poursuivent de front des essais sur des techniques incompatibles, passent sur les détails.. en bref, la meilleure des technique, le plus juste des savoir appliqué sans discernement par eux conduit avec une régularité métronomique à l’échec

Cependant il ne suffit pas d’avoir une méthode, elles ne se valent pas toutes comme le montre la comparaison entre la dialectique, mise en œuvre dans le dialogue avec le jeune esclave et l’aporie à laquelle conduit la confrontation des résultats des méthodes hypothétiques et empiriques. (troisième partie du Ménon

Citons pour conclure sur cette question des méthodes par les citations de Descartes (Discours de la méthode, deuxième partie) et de Galilée (Vie de Galilée tableau 9 p.98)

Préceptes pour la direction de l’esprit

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est à dire d’éviter  soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.

Le second de diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour le mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’odre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.

Gallilée :

Et avec quelque espoir de prouver la rotation du soleil. Mon intention n’est pas de démontrer que j’ai eu raison jusqu’alors mais de chercher à savoir si j’ai eu raison. Je vous le dis : laissez toute espérance qui entrez dans l’observation. Ce sont  peut-être des vapeurs, peut-être que ce sont des taches, mais avant d’opter pour les taches, ce qui nous arrangerait, nous préférons supposer que ce sont des queues de poisson. Oui, encore une fois, nous allons tout, tout remettre en question. Et nous n’allons pas avancer avec des bottes de sept lieues mais à la vitesse d’un escargot. Et ce que nous trouverons aujourd’hui, nous l’effacerons demain du tableau, pour ne le réinscrire que lorsque nous l’aurons trouvé encore une fois. Et ce que nous souhaitons trouver, une fois trouvé, nous allons le regarder avec une méfiance particulière. Ainsi, nous allons commencer l’observation du soleil avec l’intention inexorable de démontrer l’immobilité de la terre ! Et seulement quand nous aurons échoué, définitivement battus et sans espoir, léchant nos blessures, dans le plus triste état, alors nous commencerons à nous demander si nous n’avions pas tout de même eu raison, et que la terre tourne !

 

Moi/ça/Surmoi

Tripartition de la vie psychique, particulière à la seconde topique de Freud ;

Le ça  est l'ensemble des pulsions originaires et des pulsions refoulées

Le surmoi est l'ensemble des interdits intériorisés par le sujet.

Le moi est l'instance d'arbitrage.

 

Moral, morale

Qui peut faire l’objet d’un choix volontaire et libre (cf. le texte « du droit du plus fort » in Le Contrat social de Rousseau.

Notons que seul un choix libre peut être qualifié de moral

En référence aux valeurs ou aux normes : dans ce cas il est important de savoir si on a affaire à une interrogation portant sur le fondement et la légitimité de cette valeur (problème éthique) ou à la conformité à une norme (problème normatif)

 

 

Mythe

Représentation collective propre à un peuple ; le mythe se distingue de l’idéologie en tant qu’il utilise généralement un langage métaphorique ou allégorique, de préférence au discours rationnel.

N

Nature humaine /

condition humaine

On ne peut parler de nature humaine, comme on parle de la nature du chien ou du cheval. En effet, aucun comportement humain n’est universalisable à l’espèce, mais toujours vécu particulièrement au sein d’une société donnée ; on parlera donc plutôt de condition humaine en tant que les problèmes que rencontrent les hommes dans leur existence sont les mêmes pour tous : aimer, mourir, se représenter la nature, lutter contre l’injustice, la haine, la bêtise, être attiré vers le sublime. On pourrait ajouter que la condition humaine est tragique (voir ce terme)

 

Nécessité

Qui ne peut pas ne pas être, par exemple une loi physique : la pesanteur ; ou encore le besoin, la faim par exemple.

# contingent, Arbitraire ; Obligation

 

 

Nihilisme

Théorie proclamant la négation de toutes les valeurs connues. Le nihilisme est à distinguer du scepticisme, ou mise en œuvre du doute, qui est une attitude critique, mais constructive

 

Non-violence

Position éthique, défendue par Gandhi et Martin Luther King, préconisant le refus de toute violence dans le règlement des conflits humains. La violence, dit Gandhi, est la loi de la brute. En choisissant la non-violence, l’oppressé montre la supériorité de sa dignité sur celle de son oppresseur. Celui-ci a choisi la violence, la loi de la brute.

Il convient toute fois de distinguer la non-violence qui est un concept actif de lutte politique, à la soumission passive, assimilable à une lâcheté.

La non violence est donc du côté du droit.

 

Norme (sociale ou morale)

Etym. : du latin norma, règle, équerre. Convention qui, dans une société donnée fixe les limites de ce qui est admissible, comme pensée, comme comportement. La norme a donc un caractère relatif : elle varie d’une civilisation à une autre, elle est arbitraire, conventionnelle, acquise,  comme toutes les autres données de la culture. On prendra soin de distinguer la norme de la valeur.

O

Objectivité / subjectivité

Objectivité :  (de objet, « ce qui est placé devant») Principe fondamental de la rationalité de reconnaître et de maintenir  la différence entre le sujet de la connaissance et son objet, refus de toute projection du sujet dans son objet. Attention de ne pas donner à ce terme le sens abusif de « connaissance vraie ». Voire aussi subjectivité

 

Objet

Etym. : ce qui est placé devant

Le concept d’objet n’a pas de connotation éthique (ce qui n’est pas le cas du concept de chose)

Il se conçoit dans l’opposition au concept de sujet

Désigne ce qui est pensé, par opposition à l’acte de penser.  Tout ce qui existe (choses, idée abstraites, personnes,etc...) est pour celui qui pense (sujet) un objet.

Ne pas confondre avec « chose »

Cf. aussi « objectivité/subjectivité)

 

Obligation

Décision qui relève d’un choix moral. Ëtre obligé signifie que l’on a le choix  de respecter la valeur, ou l’interdit, droit ou le devoir, ou au contraire d’y transgresser. En cela l’obligation se distingue de la nécessité : pour vous en souvenir rappelez-vous l’exemple : c’est par nécessité que je ne peux voler comme un oiseau, c’est par obligation morale que je peux ou non voler (comme un voleur), selon que je choisis d’être honnête (valeur) ou malhonnête.

 

Obstacles épistémologiques 

Concept emprunté à G. Bachelard.

« C’est en terme d’obstacles qu’il faut penser les progrès de la connaissance scientifique» 

L'évolution des connaissances n’est pas un progrès continu, mais un parcours semé d'embûches. Les difficultés rencontrées sont non seulement externes, mais aussi sécrétées par la science elle-même. En fait, le réel n'apparaît jamais  clair qu'a posteriori. Le processus cognitif est une dénonciation de  l'erreur contre laquelle se bâtit la vérité.

La connaissance ne fleurit pas  dans le désert, elle doit lutter contre le pseudo savoir des préjugés. Cette doxologie est un savoir-faire, non un savoir penser, elle accumule les faits sans les questionner. Au contraire, le sens de la question est la marque des sciences. Pour elles, le savoir est à construire, non à recueillir.

Mais la science peut aussi être son propre ennemi. Car toute découverte consacrée sclérose l'esprit : loin de créer, il conserve. La paresse intellectuelle l'entraîne insensiblement sur la pente du confort de pensée, où l'on préfère l'acquis à l'inconnu. C'est ainsi que se stérilise le désir de connaissance.

Bachelard distingue trois obstacles majeurs :

-   Expérience première

-   Généralisation abusive

-   Substantification

On pourrait y ajouter :

-   Polysémie du langage

-   Le scientisme

Et ce qu’Alain considère comme la première difficulté à vaincre pour construire une connaissance :

-   Savoir-faire

-    

 

Opinion

Voir : Science et opinion

 

P

Parole

La langue, telle qu’elle est utilisée dans le discours. La parole nourrit la langue ; c’est par usage que cette dernière se modifie et c’est un exemple qui montre la différence entre instinct et culture. L’usage d’un code de signaux est invariant chez les animaux, il ne subit aucune transformation par l’usage ; la parole, au contraire donne naissance à une multitude de variations individuelles et locales de la langue, ce qui la fait évoluer diachroniquement (=à travers le temps).

 

Passions

Le concept est controversé puisqu’il est synonyme, pour la plupart des penseurs des périodes antique, médiévale,  et  moderne comme marque de notre finitude et de notre incomplétude, et que, à partir de la fin du XVIIIe siècle, il devient au contraire synonyme de progrès des sociétés (Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passions –Hegel-)

Dans la conception négative des passions (passions comme malheur de l’âme et dépendance par rapport au corps) elles sont un obstacle à la progression vers l’intelligible (Platon : « opinions du corps») ou ennemies de la raison (modernes)

Dans la conception romantique  (positive) des passions, elles sont au contraire le ferment de la perfectibilité (Rousseau), appel au dépassement de soi (Hegel)

Cette opposition se retrouve dans nos œuvres : les passions (désir de réussite sociale et de jouissance) aveuglent Ménon, la passion du savoir anime Galilée.

 

Pensée de l’amalgame

L’une des formes d’existence de l’ignorance, c’est la méconnaissance de l’hétérogénéité des savoir, le mélange des genres. Ainsi, par exemple, Bouvard et Pecuchet vont mettre sur le même plan des théories et des pratiques relevant de la pensée magique, de la pensée religieuse ou de la pensée rationnelle.

 

Pensée magique

Pensée aux antipodes de la science, puisqu’elle postule une continuité entre le sujet (magicien) et son objet. Dans cette forme de pensée, l’esprit est censé pouvoir agir directement sur les choses, sans médiation. Elle est donc en contradiction flagrante avec l’exigence d’objectivité des sciences.

 

Pensée unique

Forme perverse de l’ignorance, qui consiste à bâtir un système de représentation clos sur lui-même ; c’est précisément l’usage que fait du système de Ptolémée l’officialité romaine. En « bouclant »ainsi le savoir, on assure la pérennité d’institutions ou de castes, sans contestation possible.

 

Perception

C’est la sensation telle qu’elle est organisée, différenciée et nommée par l’esprit

 

Perfectibilité

Concept central du Discours sur l’origine de l’inégalité, de Rousseau.

C’est ce qui différencie « virtuellement » l’homme à l’état de nature de l’animal. C’est la capacité à devenir autre, c’est à dire à progresser à la fois vers le bien et vers le mal. Mais cette capacité reste endormie à l’état de nature, elle ne se développe que tout au long de l’histoire, dans les interactions de l’existence sociale.

La perfectibilité est la condition du progrès des connaissances, ce par quoi les êtres humains dépassent toujours l’instinct.

 

Performance

 

Terme emprunté à la linguistique mais qui peut s’étendre à toute conduite culturelle.

Capacité, à partir d’une compétence donnée (par exemple la possession d’un code linguistique) d’adapter de nouveaux énoncés ou de nouvelles conduites non prévues par le code. Par exemple on dira que l’homme est capable de performance linguistique, dans la mesure où sur la base de la connaissance d’un langage, il peut créer des énoncés nouveaux. L’animal, lui, est incapable de performance : il se contente de reproduire des énoncés ou des conduites enregistrées par dressage ou de manière génétique.

 

 

Personne

On pourrait reprendre ici l’opposition Kantienne entre la personne et la chose.

Considérer un homme comme une personne c’est le reconnaître en lui un être raisonnable, le considérer comme fin, et non comme moyen, et voir en lui une valeur absolue et non relative.

 

Philosophie du non

Titre d’un ouvrage de G. Bachelard et concept central de son épistémologie.

Conception du progrès des sciences comme dialectique, au sens hegelien du terme. Les sciences ont progressé, les concepts scientifiques se sont forgés au sein d'un mouvement dialectique d'oppositions successives, mais où chaque moment de l'évolution était  également nécessaire au développement de l'ensemble. Ainsi comprendra-t-on les obstacles épistémologiques rencontrés dans l'histoire de la formation des concepts scientifiques comme étant à la fois des freins à ce développement mais aussi les conditions nécessaires à ce développement.

 

 

Polysémie du langage

Outil nécessaire à la connaissance (c’est dans le mot que nous pensons –Hegel-), le langage peut aussi être un piège et une entrave à son progrès.

« Les mots sont des outils essentiels pour formuler et communiquer les pensées, et aussi pour les emmagasiner dans la mémoire; malheu­reusement, les mots peuvent devenir pièges, appeaux ou camisoles de force. Nombreux sont les concepts fondamentaux de la science qui, à telle ou telle époque, ont servi à la fois d'outils et de pièges; par exem­ple « temps, espace », « masse », «  force », « poids », « éther », « corpuscule », « onde », dans les sciences physiques; « but », «  volonté », « sensation », « conscience », « conditionnement», en psychologie; et en mathématiques: « limite », « continuité », « calculabilité ", «divisi­bilité ». Car il ne s'agissait pas de simples étiquettes, comme les noms donnés aux personnes et aux objets; il s'agissait de constructions arti­ficielles qui, derrière une façade innocente, dissimulaient les traces de l'espèce particulière de logique qui avait servi à les fabriquer. Pour reprendre l'exemple de Sidney Hook: « En dressant le tableau des catégories qui, à ses yeux, représentait la grammaire de l'existence, Aristote projetait en réalité sur le cosmos la grammaire de la langue grecque ».

La science occidentale a bien mis deux mille ans a se délivrez de l'hypnose produite par Aristote, dont la philosophie pénétrait la struc­ture même du langage définissant non seulement les notions de la « science », mais aussi celles du « sens commun ». Toutes les grandes révolutions de la pensée scientifique durent se faire non seulement contre les dogmes aristotéliciens, platoniciens ou chrétiens, mais aussi contre ce qui paraissait l'évidence et le bon sens: les règles informulées du code. Chaque fois, il fallut battre en brèche l'ordre établi de la pensée conceptuelle. Kepler renversa la doctrine « évidente » du mou­vement circulaire uniforme; Galilée ruina la notion de bon sens que tout corps en mouvement doit avoir un « moteur » pour le tirer ou le pousser. Newton, non sans répugnance, dut contredire l'expérience et montrer qu'il y a action possible sans contact; Rutherford dut commettre une contradiction dans les tannes en affirmant que l'atonie, dont le nom signifie « indivisible », est divisible. Einstein nous interdît de croire que les horloges tournent à la même vitesse en n'importe quel point de l'univers; la physique des quanta a escamoté le sens tradi­tionnel de mots tels que matières énergie, cause et effet.

Les préjugés et les impuretés qui se sont incorporés aux concepts verbaux d'un « univers du discours» donné ne seront éliminés par aucun discours à l'intérieur de cet univers. Ce n'est pas en jouant à un jeu que l'on peut en modifier les règles, si absurdes qu'elles soient. De toutes les formes d'activité mentale, la pensée verbale est la plus claire, la plus complexe et la plus vulnérable. Elle est capable d'absorber toutes sortes de suggestions chuchotées et d'en faire des règles secrètes du code. Le langage peut faire écran entre le penseur et le réel. Et c'est pourquoi, bien souvent, la véritable création commence où finit le lan­gage.» (Arthur KOESTLER ‑ Le cri d'Archimède.)

 

Préjugé

A rapprocher des concepts d’opinion et de pseudo-savoir, le préjugé, qu’il soit social ou moral est l’obstacle le plus évident au progrès de la connaissance. C’est le préjugé social qui fait d’Anytos un  être borné, le préjugé politique qui nourrit la censure de l’inquisition, les préjugés moraux et sociaux enfin qui enferment  les notables de Chavignolle dans leur crasse d’ignorance.

 

Prix

On dit avoir un prix  par opposition à «être une valeur »

Ce qui a un prix peut-être échangé contre autre chose. Sa valeur n’est donc que relative. C’est le cas de choses.

 

pseudo savoir

Ce n’est pas l’absence de savoir qui est constitutive de l’ignorance, mais croire que l’on sait déjà/ Ainsi les prisonniers de la caverne sont prisonniers du savoir des ombres, qu’ils pensent être vraies. De la même façon, la connaissance de la cosmologie de Ptolémée empêche les membres de l’officialité romaine de dépasser ce point de vue pour comprendre les innovations de la science nouvelle. Enfin, jamais Bouvard et Pécuchet ne remettent vraiment en cause leur propre ignorance, ils croient leurs livres sans aucun recul critique ni sur leurs auteurs, ni sur eux-même.

Q

Question

«Connaître, c’est à une question apporter une réponse, mais là où il n’y a pas de question, il n’y a que du néant »

« Décrire ce que l’on voit, passe encore, voire ce qu’il faut décrire, voila le difficile» 

Lucien Febvre (historien contemporain)

R

Raison

Capacité de jugement par laquelle l’homme est capable d’organiser, de systématiser sa connaissance et sa conduite, et d’identifier des relations causales dans le monde naturel et dans son propre monde.

Le terme a donc deux significations :

L’une éthique, qui concerne les conduites, l’action : le raisonnable

L’autre épistémologique, qui concerne la connaissance : le rationnel.

 

Raisonnable

Le sens éthique du concept de raison.

Le raisonnable a d’abord une signification commune, proche de la prudence ; on lui donnera le sens de conduite mesurée et réfléchie, par opposition aux conduites spontanées et irréfléchies.

Mais c’est aussi la conformité à un idéal moral, fondé sur des valeurs de raison du type des impératifs catégoriques de Kant.

 

Rationalisation

La raison envisagée du point de vue pratique, comme application des modèles scientifiques à des conduites humaines. On parlera en particulier des rationalisations techniciennes : rationalisation de l’agriculture, du travail, de la gestion etc...

 

Rationnel

C’est le sens épistémologique du concept de raison.

Il indique la capacité à comprendre le monde, qu’il soit humain ou naturel comme un ensemble de relations structurées et hiérarchisées, déterminé par des lois accessibles à la compréhension humaine. Le rationalisme postule une identité entre l’ordre du monde et cet ordre rationnel que l’esprit humain porte en lui, qu’il soit d’origine divine (Descartes) ou constitutif de la structure de notre esprit (Kant)

Les exigences du rationnel sont :

La cohérence, interne ou externe

L’objectivitéLa falsifiabilité

On ne confondra pas le rationnel, la rationalité avec les rationalisations qui sont des applications pratiques (techniques) des lois rationnelles.

 

Refoulement/résistance

Concepts créés par Freud pour rendre compte, d'une part, de la difficulté, rencontrée en cours d'analyse,  de faire revenir (résistance) à la conscience les faits psychiques inconscients et d'autre part pour expliquer le mécanisme d'amnésie frappant certains conflits psychiques entre exigences du ça et du surmoi.

S

Savoir

C’est le terme générique qui indique l’acte par lequel nous connaissons une réalité quelconque ; il pourrait se traduire par « appréhender par l’esprit »

 

Savoir-faire

Le philosophe Alain note que « le savoir-faire » s’oppose toujours au «savoir-penser » entendant par là que les intérêts pratiques ou passionnels peuvent nous empêcher de savoir théorique. Ainsi, l’habileté de l’archet le dispenserait de connaître la balistique. Alain relève que l’astronomie est historiquement la première des science, car son objet était loin de notre portée et de nos intérêts pragmatiques.

On pourrait faire tout de même une restriction à ce propos, en montrant que  l’invention technique vut aussi génératrice de progrès du savoir, à commencer par l’invention de la lunette astronomique.

 

Science

Voir Rationnel

On se souviendra que le terme de science renvoie dans l’antiquité à un savoir beaucoup plus large, incluant des préoccupations éthiques et métaphysiques

A partir de l’époque moderne on voit se constituer une entité autonome, la « scientia expérimentalis» (Newton) dont les pères fondateurs sont Copernic, Galilée, Descartes, Pascal.

 

Science et opinion

L’opinion (la doxa), chez Platon, est un mode de pensée non réfléchie et qui s’oppose radicalement à la science qui, elle, est le point d’aboutissement du cheminement dialectique. Les prisonniers de la caverne n’ont pas de chaînes physiques, ce sont leurs opinions, qualifiées d’apparences, qui les tiennent prisonniers. Le cheminement progressif vers la connaissance de réalités supérieures (transcendantes, les idées) est caractéristique des « amis de la science »

Il convient toutefois de montrer que ce concept de science n’a pas chez Platon qu’une signification de connaissance, mais aussi de sagesse, puisque aussi bien on ne désire devenir savant que pour développer et conquérir son être.

A la période moderne, la science se constitue comme un domaine autonome par rapport à la métaphysique et à l’éthique. Elle devient  synonyme des connaissances rationnelles, une connaissance qui n’a de compte à rendre qu’à elle même (cf. rationalité)

Le concept d’opinion renvoie souvent aujourd’hui à l’opinion commune, la représentation collective qui n’est généralement  validée par aucune argumentation, mais par les habitudes de penser.

 

Scientisme

Ou religion de la science. Dans la continuité du positivisme d’Auguste Comte, on voit apparaître un mouvement de pensée, représenté par des auteurs comme Taine et Ernest Renan, qui développent et popularisent l’idée selon laquelle la science devrait demain dominer l’ensemble de la culture, en apportant des réponses définitives aux questions posées par les religions, la morale, la vie sociale. La science deviendrait même la poésie de demain, et E. Zola, dans « Mes évangiles » fait s’écrouler la dernière église sur le dernier curé au moment où il prononce son dernier Ite Missa est ; sur les ruines du vieux monde, la technoscience bâtira la cité radieuse où tous les hommes vivront fraternellement.

On peut voir dans Bouvard et Pécuchet  une raillerie de ces prétentions démesurées. Eux vont faire la triste expérience d’une foi déraisonnée dans une caricature de science « réponse à tout », panacée de toute les misères humaines.

 

Se cultiver

 

 

 

 

Il s’agit de la mise en pratique d’un idéal de raffinement  individuel, tant dans la recherche exigeante de connaissances, que dans le développement de sa propre personnalité. L’idéal de « l’honnête » homme, à la fin du XVIIème siècle pourrait en être l’illustration. Mais se cultiver présente aussi des risques : celui en particulier de l’encyclopédisme (savoir universel) ou de la vaine érudition.

 

Sensation

Simple information en provenance des sens, se distingue de la perception

 

Sensibilité

Mode de connaissance par les sens. La sensibilité constitue notre « interface » de communication avec le monde extérieur. Elle ne se réduit pas à la connaissance sensible, mais aussi elle englobe la capacité à saisir la diversité sensible comme étant organisée en formes.

Au fur et à mesure que l’on progresse dans les sciences, la sensibilité est de moins en moins directement sollicitée dans les observations ou on lui substitue une instrumentation (appareils de mesure et d’observation)

Descartes établira une critique de cette sensibilité dans la seconde Méditation. « Ainsi je comprends par la faculté de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux»

 

Signal

Manifestation quelconque, artificielle ou naturelle qui provoque chez l’être qui la perçoit un comportement prédéterminé, inné (instinct) ou acquis (dressage, habitude) ; le signal ne requiert aucune compréhension, il appelle une action.

Les soi-disant langages animaux sont en fait des codes de signaux prédéterminés et spécifiques. Ce ne sont donc pas des langages

 

Signe

Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représentée est arbitraire et conventionnelle. En d’autres termes, dans le cas du signe, par opposition au symbole, le lien du signifiant au signifié est arbitraire et conventionnel

 

Signifiant

Dans le signe ou le symbole linguistique, le support de la signification : un son, un graphisme, une image etc...

Le lien entre signifiant et signifié est indissoluble, comme le recto et le verso d’une feuille de papier. Ce lien peut être arbitraire (signe) ou motivé (symbole) il est toujours conventionnel.

 

Signifié

Le sens véhiculé d’un signe ou d’un symbole. Il n’y a pas de signifié pur : celui ci passe toujours par un support, ou signifiant, qui sert de monnaie d’échange entre les hommes. Le découpage des différents signifiés est propre à une langue donnée, et les catégories de sens ne se recouvrent pas.

 

Stupidité

On trouve le terme chez Rousseau, appliqué à l’état de nature (Discours sur l’origine de l’inégalité) Il y signifie :

-   être frappé de stupeur, c’est le sens propre : un être figé et sans réactions (je suis resté stupide)

-   être privé de lumières c’est à dire être ignorant au sens du manque de savoir.

-   On remarquera que chez Rousseau, cette notion de « stupidité des brutes » s’accompagne de la perfectibilité (c’est à dire de la faculté de sortir de cet état) même si cela reste virtuel dans l’état de nature

 

Subjectivité

Qui dépend du sujet  (et. « Qui est placé dessous »). Qui est l’œuvre de l’homme en tant qu’être pensant et volontaire. Se méfier de ne donner à ce terme qu’un sens négatif. (dans son opposition à l’objectivité) Ne pas oublier que la science, en tant qu’elle est le produit d’un « sujet de la connaissance) a également d’une certaine façon, une origine subjective. Voir aussi objectivi, curiosité

 

Substantification

Troisième obstacle épistémologique distingué par G. Bachelard

Si la science se doit de nommer ses objets, ou de créer des concepts pour rendre compte des phénomènes observés, elle ne doit pourtant pas  céder à la facilité de "baptiser la difficulté". C'est bien de cela qu'il est question ici, et le postulat de qualité substantielles pour rendre compte par exemple de l'électricité participe d'une simple interprétations langagière du réel. Le concept n'a pas plus de valeur que celui "d'éther" inventé à la fin du siècle dernier pour rendre compte du "milieu de propagation" des ondes électromagnétiques, faute de pouvoir concevoir qu'elles se propagent dans le vide.

 

Sujet

Du point de vue de la philosophie de la connaissance, représente l’esprit connaissant, dans son opposition à son objet.  (termes voisins : je, moi, conscience)

Note : le mot peut aussi avoir d’autres sens, en particulier celui d’une soumission à (sens politique : être le sujet d’un souverain)

 

Superstition

Les mêmes remarques faites à propos de la pensée magique valent pour la superstition ; la seule différence est que dans la superstition, c’est que le sujet qui se place sous la domination de l’objet, qui prétend, comme dans le fétichisme, que la chose a le pouvoir de le rendre heureux

 

Symbole

Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représenté n’est pas totalement arbitraire. Il reste entre les deux une ressemblance naturelle (ex . : la balance pour l’idée de justice). En  d’autres termes, dans le cas du symbole, par opposition au signe, le lien entre le signifiant et le signifié n’est pas arbitraire.

 

Syncrétisme

Qualifie l'intelligence animale, par opposition à l'intelligence consciente. L'animal ne peut faire la différence entre ce qui est lui et ce qui n'est pas lui. Il ne se reconnaît pas comme sujet, face à ses objets : pour vous en souvenir : du chien qui ronge son os, on pourrait dire qu'en réalité c'est l'os qui ronge le chien dans la mesure où celui-ci n'est plus que cela, plaisir de ronger l'os.

 

Topique

Représentation spatialisé d'une réalité quelconque (un schéma est en quelque sorte une topique)

Dans l'histoire de la psychanalyse, on  désigne par première et seconde topique deux théorisations successives des mécanismes psychiques conscients et inconscients.

La différence essentielle est  que dans la première (<1920)les conflits psychiques opposent les pulsions inconscientes aux interdits de la pression sociale externe, alors que dans la seconde (>1920), les conflits sont internes au psychisme, entre deux entités de la vie psychique, le ça et le surmoi.

T

Tragique

Trait dominant de la condition humaine d’être déchiré, partagé entre deux exigences d’égale cessité mais mutuellement incompatibles. Exemples de tragique :

L’insociable sociabilité

Infinité du désir / finitude de notre puissance

L’univers et le moi

L’homme mortel / le désir d’immortalité

Ni brute ni Dieu

 

Transcendance

Etym. : transcendere, « passer au delà » Terme de métaphysique, caractère de ce qui est d’une nature supérieure, radicalement différente et séparée du monde empirique, par exemple, la transcendance divine, ou la transcendance de l’idée d’humanité par rapport à l’homme, ou chez Platon, les idées par rapport aux opinions.

U

Utopie

Au sens ordinaire : projet chimérique, illusion, pensée sans consistance

En philosophie politique : projet de civilisation idéale (ex : phalanstère de Fourier)

V

Valeur

Concept éthique à distinguer de celui de prix : le concept de valeur employé seul (une valeur, la valeur) s’entend comme absolue, alors que le prix est toujours une valeur relative (à quelque autre réalité)

On distinguera aussi la valeur de la norme, sociale ou morale. La politesse, par exemple, est une norme sociale, non une valeur éthique ; la pudeur est souvent une norme morale, mais ne constitue pas une valeur absolue : preuve en est qu’elles varient selon les cultures.

L’idée de valeur renvoie à une tripe idée :

L’absolu : ce qui est son propre fondement, autosuffisant, ayant atteint un degré indépassable de réalisation de son être, parfait. # relatif

La transcendance : Pour être un fondement absolu, la valeur doit être d’une nature supérieure, hétérogène par rapport aux être qui y adhèrent : ainsi le fondement de ces valeur est toujours un absolu, atteignable par la foi (ex : Dieu) ou par la raison (ex : l’humanité, les droits de l’homme)

L’universalité : qui est susceptible de s’appliquer également à tous, en dépit des différences d’âge, de race, de sexe, de position sociale, de religion etc...

 

Violence

Action contre une personne (éventuellement  soi-même) au mépris de sa vie et de sa dignité, refusant de la considérer comme un être conscient, raisonnable, volontaire. Quel qu’en soit les moyens, la violence est toujours la voie de la force : force physique, de l’argent, du langage, des armes, abus de faiblesse etc.. En cela elle s’oppose au droit qui est toujours une voie de raison.

Ce concept est essentiellement éthique ; éviter soigneusement de le confondre avec agressivité

Voir aussi : non-violence

 

Volonté

Cf  poly.

 

M. Le Guen/11/2000



[1] Boule de sureau hérissée de fils de fer, dans laquelle on fait passer  un courant électrique de sorte que les "pattes" s'agitent.