Billet de (mauvaise) humeur….
Le succès médiatique de
LOFT
STORY
L’ignominieuse
émission de
Les élèves sont des citoyens ou de futurs citoyens. L’éducation à la citoyenneté ne consiste pas seulement à leur apprendre les institutions ou à user de leur droit de vote, à leur apprendre quelles sont les exigences de la vie commune, mais aussi à se conduire personnellement en hommes et en femmes libres de leurs choix, et capable de donner un sens et une valeur à leur existence. Dans cette dernière exigence, ils ne pourront se dispenser d’une critique des choix que la société (en fait, nous autres, adultes… ) leur propose. Parmi ces choix, il y a ceux de la culture populaire, et parmi ceux-ci l’émission visée. Le CSA semble avoir étouffé des scrupules éthiques ou esthétiques dont il sait faire preuve à propos d’autres émissions, la direction de la 6 ne pense qu’à son intérêt (le scandale a toujours fait recette), les médias sont comme d’habitude versatiles et inconséquents, que serons-nous en tant qu’éducateurs ?
Je crois qu’une réflexion avec les élèves, pour ne pas sombrer dans le triste échange d’opinions, dans la simple description ou dans la démagogie, peut s’orienter dans les directions suivantes :
Qu’est-ce
qu’une personne, qu’est-ce qu’une chose ?
Références :
Kant, Resnais, Orwell, Huxley, Perec
On pourra insister sur le fait qu’une personne humaine ne se laisse pas décrire comme une chose, non plus que comme un animal. L’émission suggère à l’évidence l’idée d’une observation des comportements, à la manière dont on peut observer des réactions chimiques, ou le comportement de rats de laboratoire. (Intéressant de reprendre dans une perspective le parallèle introduit par H. Laborit dans le film « Mon oncle d’Amérique » de Resnais.
La chose se
laisse décrire, le comportement animal aussi, puisqu’ils sont un ensemble de
relations déterminées (cause à effet) Peut-on au nom de la dignité de l’homme
accepter que son être soit ainsi réduit à ce que des caméras de télévision
pourront en percevoir ? Qu’en est-il de sa liberté ? des valeurs dans
lesquelles il croit ? De ses parents ? de ses enfants s’ils en ont un
jour ? Qui leur garantit que ces images ne seront pas ensuite utilisées
librement par les organisateurs ? N’auront-ils pas un jour horreur de
cette image d’eux-mêmes qu’ils pourront d’autant moins oublier qu’elle restera
figée sur la pellicule ?
Peut-on,
dans le pays qui a voté une législation très stricte sur la protection
informatique de la vie privée accepter qu’elle soit publiquement violée ?
De quelles
dérives pourraient être suivies cette émission ? La mort en directe du
Papy, la première relation amoureuse de x ou y ? Le suicide d’un autre, ou
les déchirements conjugaux des uns et des autres ? L’accepteriez-vous pour
vous-même ? Pour votre famille ? Pour vos amis ?
Les
personnes sont des valeurs absolues, les choses ont un prix : ici on vend
la vie des gens comme n’importe quelle marchandise.
Pourquoi,
selon vous, faut-il protéger la vie privée, votre vie privée ?
Les
personnages de l’émission
sont-ils
victimes ou coupables dans cet affaire ?
Quelles sont leurs motivations réelles ?
Chapitres et
références : le pouvoir, la violence ; Kant, (majorité,
minorité) ; Rousseau (esclavage), Freud (narcissisme, perversion, névrose
infantile) ; les passions. Dollé (critique de la perversion du désir dans
la société de consommation)
L’appât du
gain ?
Une
perversion exhibitionniste ?
Un
narcissisme infantile et stérile ?
S’amuser ?
Mais font-ils autre chose que ce que les gens font dans la vie ordinaire ?
Oui, ils s’exhibent.
Etre
spectateur de la vie des autres
#
Etre acteur de
sa vie ?
Voyeurisme : perversion consistant, par impuissance à vivre par soi-même à trouver une compensation dans le spectacle de la vie d’autrui.
à force de vivre par procuration, de ne
trouver intérêt que dans le fantasme qu’offrent les artifices de cette
production, allons nous oublier de vivre par nous-même ?
La
situation est fausse, comme d’ailleurs dans une série télévisée. Mais elle
n’est même pas jouée par des professionnels : ils ne sont pas sincères,
bien sûr, peut-on l’être devant une caméra ? Mais ils sont sûrement
ridicules…
L’amusement et le divertissement
doivent-ils nécessairement n’avoir aucun sens,
pour être divertissants et amusants ?
Qu’essayons-nous d’oublier ?
Pascal, Valéry, L’existence, le sens, le bonheur, la mort, la culture.
Que font les gens dans le loft ? ni plus ni moins que ce que fait tout le monde dans la vie, à la sincérité près. Une fois que nous aurons vu qu’il n’y avait rien à voir, que retiendrons-nous de cette pauvreté, à par l’ennui ?
Quelle est
la différence entre un film de fiction et ce genre d’émission ?
Que restera-t-il de vos valeurs (famille, respect d’autrui, amour, jardin secret) après que nous les aurons banalisés au point d’en faire un spectacle forain ?
Ceci ne reflète-t-il pas le mépris dans lequel les responsables des productions de la 6 tiennent les téléspectateurs ? Comment répliquer à l’insulte ? En regardant l’émission ou en la boycottant ?
Les enjeux
économiques de telles productions.
Des gains dérisoires pour les « gagnants » au regard des bénéfices engrangés par les producteurs, provenant de trois sources :
- Les annonceurs publicitaires avant, pendant après l’émission
- Les appels du public pour les votes (à combien la minute de
connexion ?)
- La revente ou la location du concept au niveau mondial.
Un budget d’organisation dérisoire par rapport à une dramatique ou une émission de création.
Ce n’est bien
sûr pas exhaustif !
J’aimerais
poursuivre le débat,
Elèves, profs,
citoyens, réagissez !
M. Le Guen
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