1/ Analyse du sujet :
Pourquoi dit-on de l’homme qu’il est un être de
questions ? |
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Le sujet nous demande
d’évaluer une maxime. Il s’agit de dire -
Au nom de quoi on peut
affirmer cela ? (fondements) -
Quelles sont les
limites de cette proposition On remarquera que la maxime
n’est pas véritablement remise en question : on vous demande de la
justifier |
L’affirmation est présentée
comme une opinion commune : « on » |
Rien ne nous indique que le
mot « homme » doit être pris dans le sens : -
général (le genre
humain) -
individuel (chacun de
nous en particulier) Le « il» ne
nous aide guère puis qu’il renvoie aussi bien à la personne qu’à l’ensemble
des hommes. |
La question porte sur le
statut ontologique de l’être humain ou s’il on veut sur la condition humaine. |
Le concept s’oppose
manifestement à l’idée de certitude (réponses) C’est le concept le plus
important du sujet : il renvoie : - au concept d’errance (cf.Canguilhem) associé
à celui d’erreur humaine -
à la relativité des
réponses apportées par les hommes à travers leurs cultures aux questions que
leur pose leur insertion dans le monde -
à la problématique du
doute et de la certitude. A
noter également le pluriel employé dans la question. |
Reformulation du sujet :
Quels sont les fondements de cette opinion ?
Sommes nous, tant au plan individuel qu’à celui de l’espèce irréductiblement
condamnés à nous poser plus de questions que nous ne pouvons résoudre ?
L’homme est-il condamné à être une énigme vis à vis de lui-même ?
2/
Proposition de corrigé :
Introduction :
S’interrogeant dans la Logique sur le domaine
de la philosophie, Kant le ramenait à
ces questions : Que puis-je
connaître ? que dois-je faire ? Que m’est-il donné d’espérer… ces trois questions qui posent
les problèmes de la connaissance, de l’action, et de la foi humaines
ont-elles des réponses, où restent elles aussi énigmatique que leur
objet ? Pourquoi dit-on de l’homme qu’il est un être de
questions ? Quels sont les fondements de cette opinion ?
Sommes-nous irréductiblement condamnés à nous poser plus de questions que
nous n’en pouvons résoudre ? L’homme est-il condamné à être une énigme
vis à vis de lui-même ? Mais la dignité de l’homme n’est-elle pas de
construire du sens, d’espérer et d’aimer, même s’il sait que ces réponses
sont irréductiblement frappées du sceau de l’incertain et du relatif ? |
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Entrée en matière Enoncé du sujet Reformulation du sujet & Plan |
Développement (plan
détaillé) :
1
– L’homme, être
sans nature :
Introduction : Dire de
l’homme qu’il est un être de questions cela signifie peut-être qu’il est l’être
sans réponses ; en quoi peut-on dire qu’il est privé de cette nature qui
assigne chaque espèce animale une place déterminée dans l’univers ?
1.1 – Errance et
erreur humaine : Que puis-je connaître ? (Canguilhem)
1.2 – La culture,
règne de l’arbitraire et du relatif Pascal : Belle vérité qu’une
montagne borne : vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
1.3 – Imprévisibilité
de l’homme : devenir individuel et devenir collectif
Conclusion :
Si la nature animale se laisse définir comme un ensemble de réponses, la
réalité humaine renvoie elle plutôt à des questions : il n’y a pas de mode
d’être au monde universel à l’homme et tout culture humaine tente, avec ses
moyens propres, de répondre aux problèmes d’insertion de l’homme dans le monde
2
– L’homme énigme
pour lui-même :
Introduction : La
question la plus fondamentale et qui probablement résume toutes les autres est
celle-ci : qu’est-ce que l’homme ? Elle se pose au triple niveau de
l’identité personnelle, de la condition d’homme et du sens de son histoire.
2.1 – Qui suis-je ? Le moi : une construction qui vise une unité de soi sans cesse
recherchée mais jamais atteinte. (l’homme obscur à lui-même Alain, Freud)
2.2 – Qu’est-ce que l’homme ? Avatars contradictoires de l’homme :l’humain et
l’inhumain
2.3 – Son histoire a-t-elle un sens ? Ruine des espoirs mis en l’homme par les grands systèmes de philosophie de l’histoire (Hegel, Marx…)
Conclusion : Depuis
Socrate, le « connais toi toi-même»
est devenu la devise de la philosophie. Mais si notre être est en construction
permanente, s’il nous échappe à mesure que nous tentons de le définir, comment
pouvons nous envisager d’apporter une réponse définitive à la question de
l’homme ? Sinon qu’à dire que la question reste ouverte et que sa réponse
est sans cesse approchée et sans cesse reposée.
3
– Condition
tragique et dignité de l’homme : le doute et son dépassement
Introduction : Si
l’homme est « un être de questions » n’est-ce pas parce que se
condition ne peut s’exprimer qu’en termes tragiques, au sens du déchirement
entre des exigences contradictoires ?
3.1 – Le tragique (expressions contradictoires de la
condition humaine.)
Insociable sociabilité (Rousseau, Kant)
Naître dans le monde/s’y sentir
étranger
Infinité du désir/faiblesse de nos
moyens
Aspirations vers l’idéal/reconnaissance
de notre imperfection
3.2 – Aimer la
vie, savoir que l’on doit mourir (Camus : Noces)
3.3 –
Espérer : affirmer face à la mort que l’amour a un sens (Camus, La
peste)
Conclusion :
Nous pouvons néanmoins définir comme une réponse à la question de l’homme la
condition humaine, c’est à dire l’ensemble des problèmes auxquels sont
universellement confrontés les hommes quelques soient leur époque ou leur
civilisation. Cette condition s’exprime toujours en termes tragiques c’est à
dire contradictoire. Là aussi elle tient plus d’une question que d’une réponse.
Conclusion générale du devoir :
Ainsi, les trois questions de Kant étaient suivies
d’une quatrième « qu’est-ce que l’homme ? » Nous remarquerons que la question reste
ouverte : la condition humaine est au centre d’un ensemble de contradictions
et nul ne peut assigner à l’homme une place fixe dans l’univers…Il reste que
cette dimension tragique est aussi ce qui fait de lui un être libre :
cette liberté qui est à la fois son malheur, sa force et sa dignité. (M.
Le Guen 10/2000)