Bréal

Philosophie

Terminale L

 

Le mot des auteurs

L’un des mondes que l’historicité humaine a engendrés porte le nom d’Europe. La modernité à laquelle il a donné naissance à partir de la révolu­tion galiléenne entraîne les hommes dans le tourbillon de l’activité des sociétés industrielles. Cette humanité affairée ne se trouve-t-elle pas menacée d’être dépossédée de ce qui l’a fait naître — le rapport réflexif à soi-même et aux choses — au moment même où elle est soumise aux logiques implacables de ce qu’elle a produit et provoqué par son propre génie? Transmettre l’héritage de la Grèce où la philosophie vit le jour n’est-il pas plus que jamais salutaire? Elle a légué à l’Europe l’audace de cette vie à découvert qu’est la vie de l’esprit par­tant à la recherche du sens, recherche dont témoignent les grandes oeuvres.

Ce sont ces oeuvres qu’une initiation philosophique permet un jour d’abor­der. Ce sont elles qui consacrent la liberté et la dignité de l’aventure qui ne demeure humaine qu’autant que l’homme conserve ce que Platon appelait le souci de son âme. Car ce n’est que lorsqu’on se penche réflexivement sur l’hé­ritage que l’on ménage une ouverture pour le futur, comprenant que la raison, loin d’être intemporelle, présuppose le passé des oeuvres qui l’ont enfantée.

Mais si l’outil de la pensée est le concept, la fin qu’elle vise ne saurait se réduire aux moyens qu’elle emprunte. Il faut toujours le rappeler, même et surtout lorsque, modestement, nous devons transmettre la méthode, les règles de l’art de penser. Nous avons tenté de le faire par l’exemple, faisant précéder les textes d’introductions qui peuvent se lire avant d’entrer dans les textes, mais aussi se relire, une fois étudié le corpus d’un chapitre, afin de faire la syn­thèse de l’éclairage reçu de sa fréquentation.

Si les Lumières, comme l’histoire nous le montre, ne s’acquièrent qu’au terme d’un combat, il serait vain de croire qu’elles se détiennent sur le mode de l’avoir. Elles ne peuvent éclairer l’existence que dans leur exercice, irréduc­tible bien entendu à un pur jeu conceptuel. Le philosophe ne doit pas être un technicien du concept, même si la conceptualisation lui est indispensable. C’est dans cet esprit que nous nous sommes efforcés de guider les textes àl’aide d’exercices suggérant les problématiques propres à chaque notion. Ce serait en effet une erreur de concevoir l’initiation à la réflexion philosophique comme exempte de labeur, et de considérer la vérité à laquelle elle peut nous conduire, toujours conquise contre les évidences trop immédiates, comme la certitude que l’on détiendrait d’une science avérée.

Chaque génération doit emboîter le pas de l’Héraklès du temple d’Olympie: ayant accompli des travaux surhumains pour vaincre l’adversité, il se trouve confronté à la nécessité d’un ultime héroïsme : celui de penser et de faire de sa vie sa propre tâche. Qui oserait dire que la philosophie est incapable d’y aider?

Les auteurs

 

Les auteurs

Franck Farago

Frédéric Guillaud

Maël Lemoine

Dominique Weber

 

En savoir plus :

WWW.editions-breal.fr